Le bégaiement intériorisé (encore souvent appelé « bégaiement masqué ») peut se définir comme un bégaiement que l’on n’entend pas. En effet, si la majorité du temps, le bégaiement se manifeste par des épisodes de dysfluences plus ou moins marqués, le bégaiement intériorisé peut davantage s’imaginer comme une « peur » de l’accident de parole telle que le locuteur préfère masquer son trouble par différents moyens.
Dans l’acte de parole, 3 niveaux sont pris en compte. François Le Huche, phoniatre français, parle des trois contrôleurs de la parole :
- La forme (la façon dont on dit)
- L’interlocuteur (celui à qui l’on dit)
- Le contenu du message (ce que l’on dit)
Comme pour la personne qui a un bégaiement audible, celle qui souffre de bégaiement intériorisé a tendance à se focaliser sur le premier niveau, la forme, plutôt que sur les deux autres niveaux. Elle prépare souvent ses phrases, se les répète dans sa tête, au détriment de la spontanéité qui caractérise l’acte de parole. Cela a pour conséquence de fausser la relation avec l’interlocuteur qui se trouve mis à l’écart plus ou moins consciemment.
Loin de l’image classique de la personne qui bégaie en butant sur les mots, en répétant des syllabes, nous sommes face à une autre forme, plus insidieuse et plus difficile à détecter pour les professionnels. Il est, dans certains cas, possible de percevoir une rapidité dans le flux de la parole, ou au contraire un débit très lent, des évitements. Mais, parfois, la personne préfère se taire et son trouble peut passer inaperçu.
Dans toute forme de bégaiement, il y a l’idée pour le patient d’une « parole parfaite ». Il y a la notion d’exigence et la crainte d’une peur de mal faire et de mal dire.
Selon les orthophonistes que j’ai pu rencontrées et qui travaillent particulièrement sur cette notion de bégaiement intériorisé, il en ressort que la personne souffrant de cette pathologie connaît des difficultés de parole qui l’ont conduite à multiplier les démarches telles que le chant, la relaxation, les exercices de respiration avant d’arriver dans un cabinet d’orthophonie. Certains ont le souvenir d’avoir bégayé étant petit, d’autres non.
Au niveau des signes cliniques que l’on peut observer, ces personnes ont une tension et un hypercontrôle permanent, une fatigue, une appréhension et une peur avant la prise de parole. Elles constatent également une perte de spontanéité. La parole est quelquefois à minima, elles voudraient souvent en dire plus. Ces personnes souffrent du décalage entre l’image qu’elles pensent donner et ce qu’elles pensent ou savent être réellement.
J’ai fait le choix de donner à ce site internet le nom de « begaiementmasque.fr » parce que j’ai remarqué, grâce à mes rencontres ou lectures, que beaucoup définissaient encore ce nouveau type de bégaiement par ces termes. Pour autant, je parlerai, dans le site, de « bégaiement intériorisé », en adéquation avec la théorie de Mark Irwin.
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