Réunir certains patients en groupe est une pratique de plus en plus courante dans la prise en charge du bégaiement. Ces groupes peuvent être construits en fonction de l’âge des patients mais également en fonction des profils, comme c’est le cas pour le groupe de bégaiement intériorisé.
Il est intéressant de noter que, parmi les patients que j’ai pu rencontrés et qui semblaient sceptiques par rapport au diagnostic de bégaiement intériorisé, tous assistaient au groupe de parole organisé par leur thérapeute. Pour autant, ils ne poursuivaient pas toujours une prise en charge individuelle.
Les jeux de rôle, les prises de parole en public mais également l’échange avec des personnes qui peuvent rencontrer les mêmes difficultés sont autant de possibilités de sortir de l’isolement dans lequel peut enfermer le bégaiement.
Élaborer, témoigner à plusieurs reprises, sur ce qu’est leur bégaiement permet d’affiner sa pensée et de mieux comprendre son trouble. Il s’agit d’aller plus en profondeur mais également de donner à penser pour que les autres puissent élaborer à leur tour. Cet objectif renvoie à l’idée d’un travail en miroir, une sorte de jeu de dames où chacun avance son pion grâce à l’autre.
L’orthophoniste, pour ce type de groupe, apparaît comme un redistributeur de parole. En effet, chaque patient semble se prendre en charge facilement, sans avoir toujours besoin d’être guidé. Ce groupe prend des allures de « famille », où chacun trouve facilement sa place.
L’une des particularités de tels groupes est qu’il nécessite la présence de plusieurs personnes ayant un bégaiement intériorisé. Il y a une difficulté de réunir suffisamment de patients et il est important que les orthophonistes soient sensibles à cette problématique afin de proposer ces réunions au maximum de patients rapidement.
L’objectif ultime pourrait être de parvenir à penser : « peu importe si je bégaie, du moment que je n’en souffre plus ».
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