Au niveau de la prise en charge du bégaiement « classique », on trouve deux axes de travail principaux : la prise en charge précoce, pour l’enfant de moins de 5 ans puis l’alliance de l’écoute et des techniques motrices.
Dans le cas d’un bégaiement intériorisé, il s’agit pour le patient, dans un premier temps, d’accepter son trouble lors notamment d’une prise en charge individuelle.
Je souhaitais ici faire un point sur la prise en charge précoce car l’on peut penser qu’un bégaiement dont on s’occupe très tôt aura moins de chance d’être intériorisé.
L’APB, Association Parole Bégaiement, œuvre depuis plusieurs années maintenant pour qu’une intervention précoce du jeune enfant qui bégaye devienne systématique.
« Ça n’est rien, ça passera avec le temps (…) on fera quelque chose si cela persiste, rien ne presse pour le moment » (extrait du livre Le quatrième automne)
Pendant longtemps, et encore trop souvent à l’heure actuelle, les médecins généralistes ont banalisé les épisodes de bégaiement chez le jeune enfant en conseillant aux parents d’attendre, de voir s’il passait de lui-même.
Or l’on sait aujourd’hui qu’une prise en charge précoce du bégaiement, chez l’enfant de moins de 5 ans, évite grandement la chronicisation à l’âge adulte. Il apparaît primordial de consulter dès les premiers signes de dysfluences, c’est-à-dire dès que l’enfant semble buter sur un mot, forcer pour le dire, ou dès que l’on note des répétitions de sons ou de syllabes, afin de mettre en place un conseil parental.
L’accompagnement parental prend une place importante dans cette prise en charge. En effet, réduire la pression temporelle, parler du bégaiement, montrer à l’enfant que ses parents en ont conscience et prennent le temps de s’en occuper est extrêmement important et doit faire l’objet d’une sensibilisation auprès du grand public. Elle permet, dans un grand nombre de cas, d’éviter une prise en charge plus lourde par la suite.
Cet accompagnement parental est mis en place au cours d’une première rencontre entre l’orthophoniste, l’enfant et les deux parents. Plusieurs thèmes sont abordés : l’histoire de l’enfant, son développement, le contexte familial mais également plusieurs aspects qui sont importants pour enrayer ce bégaiement naissant :
- Réduire la pression temporelle (ex : se lever 15 min plus tôt le matin, éviter de courir pour aller à l’école, faire attention à la rapidité des échanges)
- Gratifier les actions de son enfant pour favoriser le renforcement positif
- Démystifier le bégaiement, pouvoir en parler simplement
- Insister auprès de l’enfant sur l’idée que ses parents, l’orthophoniste et lui-même vont s’occuper tous ensemble du bégaiement pour que l’évolution soit favorable
- Tempérer les exigences éducatives le temps que le bégaiement disparaisse
Au niveau du bégaiement intériorisé, la prise en charge précoce semble également revêtir un intérêt évident. On peut en effet penser qu’en brisant le tabou du bégaiement dès le plus jeune âge, on pourrait éviter au patient de l’enfouir au fond de lui et chercher à le masquer à tout prix.
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